Source : le quotidien EL WATAN du 20.04.2020 par MF GAIDI

Selon le syndicat du complexe El Hadjar, le rapport du commissaire aux comptes aurait fait état de nombreuses «irrégularités», vu que l’entreprise a enregistré au moins deux bilans négatifs successifs.
Le Président-directeur général (PDG) et président du conseil d’administration du complexe Sider El Hadjar, Chemseddine Maâtallah, a été limogé sans indemnisations, hier, au terme d’une Assemblée générale extraordinaire (AGO), tenue au siège du groupe IMetal à Alger, avons-nous appris de ce dernier. Après près de deux années non concluantes, il a été remplacé par Belhadj Reda en tant que directeur général et Mme Labiod comme présidente du conseil d’administration.
Les deux cadres dirigeants seront installés aujourd’hui à Annaba. Préalablement, tous les administrateurs du Conseil d’administration (CA) de l’entreprise, convoqués par le commissaire aux comptes, ont démissionné. Officiellement, Chemseddine Maâtallah a été dégagé de son poste pour «objectifs non atteints».
A vrai dire, ce sont les conclusions accablantes qui ont ponctué le rapport du commissaire aux comptes de Sider El Hadjar qui sont à l’origine de cette décision unanime. En effet, selon le syndicat du complexe El Hadjar, le rapport du commissaire aux comptes aurait fait état de nombreuses «irrégularités», vu que l’entreprise a enregistré au moins deux bilans négatifs successifs.
Au nom de la lutte contre le Covid-19, il a été décidé de mettre en congé annuel 85% des effectifs, soit plus de 4000 sidérurgistes. Le syndicat qui s’est élevé contre cette décision «abusive», a pu, avec l’appui du groupe Imetal, régler le problème et rétablir les travailleurs dans leurs droits.
Enclenchée depuis octobre 2018 par la brigade de recherches de la Gendarmerie nationale de Annaba, l’enquête sur sept dossiers ayant trait à la gestion et aux marchés du complexe sidérurgique Sider El Hadjar n’a toujours pas abouti. Les sidérurgistes n’arrivent pas à comprendre la lenteur dans le traitement de ces dossiers, les uns aussi compromettant que les autres. Tarek Bouslama, l’actuel PDG du groupe Imetal, a ordonné un audit de l’entreprise.
En octobre 2018, l’ex-procureur général près la cour de justice de Annaba, M. Nahnouh, avait donné son feu vert aux enquêteurs de la Gendarmerie nationale locale pour la perquisition de l’administration du complexe sidérurgique Sider El Hadjar.
Contacté suite à la signature d’un contrat de gré à gré avec la société Tonic portant sur la location de matériel de manutention, dont le montant est de 100 milliards de dinars, selon le bon de commande en notre possession, Chemseddine Maâtallah, l’ex-PDG du groupe Sider, avait déclaré : «Sider El Hadjar n’est pas soumise au code du marché.» Au lendemain de l’ouverture de cette enquête, un autre scandale similaire avait fait surface.
Il s’agit, selon nos sources, d’un marché ayant trait à l’importation de six poches tonneaux, destinées au transport, par voie ferrée, de la fonte liquide, depuis le haut fourneau vers les autres unités de transformation. Elles se sont avérées non conformes par rapport aux équipements du complexe sidérurgique d’El Hadjar. D’une valeur de plus de trois millions de dollars, (500 millions DA), ce marché a été conclu en juillet 2016 avec une société chinoise de fabrication de machines lourdes, Dalian Huarui Heavy Industry Co. Group Ltd (DHHI).
Au début de l’année 2017, les poches tonneaux chinoises ont été expédiées depuis l’usine de DHHI en plusieurs lots et montées au niveau du complexe d’El Hadjar par des ingénieurs chinois en l’absence des Algériens. L’opération a été achevée en septembre 2017 sous garantie de 12 mois. Cependant, les essais n’étaient pas concluants pour des raisons sécuritaires et techniques.
Actuellement, les six poches tonneaux chinoises sont exposées à la dégradation et leur sort demeure incertain. On est ainsi loin des annonces politiques en grande pompe d’alimenter l’industrie automobile et l’électroménager en produits plats, de la production du coke, etc. N’était l’intervention d’Imetal auprès de la BEA, la trésorerie de Sider El Hadjar ne permettait pas d’assurer les salaires de plus de 6000 travailleurs.
source: le quotidien El WATAN du 28.04.2020